Entrevue avec Oscar, Product Manager chez Coveo
L'équipe de Homeric a eu la chance de recevoir Oscar Péré, Product Manager chez Coveo, pour ce premier article de notre série Customer Obsessed, qui présente le parcours et le quotidien de Product Leaders inspirants.
Petit brise glace, pour commencer: Une chose que tu aimes, et une que tu détestes.
Que j’aime: Les smash burgers (burgers à l’américaine écrasés avec plein de fromage partout) 🍔
Que je déteste: Quand ma fille me réveille en plein milieu de la nuit et qu’il faut lui changer la couche 🐥
Dis-nous en plus sur toi. Qui es-tu, que fais-tu?
Je m’appelle Oscar et c’est mon anniversaire aujourd’hui! Je travaille chez Coveo depuis un an, je suis product manager dans la ligne d’affaires services (support center, etc.) et machine learning.
On offre un produit SAAS de recherche et de pertinence ("search & relevance"). Les entreprises qui déploient mon produit cherchent à optimiser la gestion des cas de soutien de leurs clients, pour supporter leur croissance et générer des économies d’échelle. Elles ont à coeur l’expérience de leurs clients et savent à quel point c’est important de les aider à trouver la bonne information ou le bon document au bon moment.
Pour l’utilisateur final, notre solution les aide à trouver de manière autonome des réponses à leurs questions de support ou à leurs problèmes, notamment grace au machine learning.
Mon rôle, c’est de bien cibler les problèmes et de les adresser avec mon équipe, mais aussi beaucoup de travailler avec les équipes plateformes, de data, marketing, qui sont autour de tout ça. En tant que PM chez Coveo, on est rattaché à une ligne d’affaires, mais on collabore énormément avec un ensemble d’équipes pour livrer nos solutions.
Comment et pourquoi es-tu devenu product manager?
J’ai commencé côté publicitaire, agence de pub/créa. J’ai fait beaucoup de digital. J’étais un peu frustré par le côté gestion d’une campagne après l’autre, sans avoir nécessairement l’aspect résultats. Je suis ensuite resté dans le digital, mais orienté eCommerce, qui était beaucoup plus factuel et data driven. Je suis passé à ce moment-là davantage dans la gestion de produit, en tant que Product Owner. Par contre, mon rôle était très orienté delivery, avec beaucoup d’opérationnel. C’est à partir de là que j’ai commencé à me renseigner sur ce qu’était le product management et la culture produit, car je voyais qu’il y avait des éléments stratégiques qui étaient un peu délaissés. J’ai ensuite trouvé une compagnie en conversational AI, qui m’a permis d’occuper mon premier vrai rôle de product manager. J’étais plus proche des exécutifs, et je travaillais directement sur le lien entre ce que l’on développe et la valeur d’affaires créée pour la compagnie.
Là je me suis dit, I’m loving it, c’est vraiment le best job in the world.
Aujourd’hui, je continue à me perfectionner et à apprendre dans une organisation de plus grande taille, Coveo.
Au Québec en général, la maturité produit est en train d’arriver, c’est super intéressant de faire partie de ce mouvement.
Est-ce que quelqu’un t’a initié au monde du product management?
Au début non, c’était vraiment de la recherche personnelle. Par la suite, j’ai eu la chance de travailler avec une product leader qui avait beaucoup d’expérience et qui m’a vraiment aidé à progresser. Elle me posait les bonnes questions et m’aidait à avancer. Mais surtout, voir quelqu’un d’expérience faire la job dans le day to day, je crois que ça a été super enrichissant en plus de tout ce que j’ai pu lire.
Au bout d’un moment, avec la lecture, on finit par tourner un peu en rond. Pour apprendre, il faut le faire, être dedans. Et même, se prendre quelques claques pour bien comprendre les subtilités de la job.
L'apprentissage du rôle de product manager, comment ça s’est passé?
Ça a été très humbling, car quand tu sors d’une job opérationnelle que tu maîtrises, tu as tendance à reproduire des patterns et des façons de faire. Mais ça ne fonctionne pas. On ne te demande plus de gérer le backlog story par story ou bug par bug. La job de PM c’est d’identifier les bonnes questions à se poser et s’assurer qu’on implique les bonnes personnes pour qu’elles trouvent la solution. Comparé à mes jobs précédents, on n’est plus juste dans l’opérationnel. Cette transition là est intellectuellement facile a comprendre, mais dans le day to day, c’est parfois difficile de laisser de côté certains vieux réflexes. C’est assez difficile de s’auto coacher à transitionner de job tout seul. Ça aide énormément d’être accompagné par un leader produit d’expérience.
C’est quoi ta partie préférée de la job?
Travailler avec des gens vraiment très intelligents, exposer des problèmes, et les résoudre ensemble. Je ne crois pas que ça soit moi qui ai les réponses aux problématiques que j’identifie, mais de servir de colle, d’avoir de la visibilité à 360°, de parler avec n’importe qui dans la compagnie et de ramener le tout à ce qui est vraiment important, c’est trippant. Bâtir une histoire pour les emballer, le leadership et l’autonomie que ça implique. Il n’y a pas un template unique pour faire du product management. C’est très proactif comme boulot. Une fois qu’on a compris où on pouvait ajouter de la valeur, partager ça avec l’organisation, et faire en sorte qu’ils veulent s’engager, convaincre et influencer, c’est vraiment intéressant et ça fit avec ma personnalité.
Est-ce qu’il y a une partie plus délicate?
Difficile à dire... Peut-être travailler autour du groupe produit au sein de la compagnie. Contribuer à développer, structurer la culture produit au sein de l’organisation. Je trouve que c’est quelque chose qui manque à mon arc de PM. Mais réellement, il n’y a pas grand chose qui ne me fasse pas tripper. Même quand je passe du temps dans Jira. J’ai appris ce que c’était que d’écrire un bon ticket Jira, qui va faire en sorte d’engager l’équipe et générer un « let’s do this ». Sinon, certains PMs trouvent parfois challengeant de devoir présenter régulièrement à la direction, aux stakeholders ou à certains clients. Personnellement je trouve ça très intéressant de propager mon message.
À quoi ressemble ta journée type?
J’utilise souvent la métaphore de l’ascenseur. En bas, il y a les équipes de développement. Il faut être capable de leur parler efficacement. Puis il va avoir un meeting au niveau 7 avec des VPs qui vont avoir très peu de temps et à qui je dois fournir le « 1 liner » qui va les intéresser, et ce que j’attends d’eux. L’heure d’après, je suis au niveau 4 avec un client et on entre dans les détails d’une affaire d’analytics. À travers tous ces étages, je dois véhiculer le même message, mais de manière différente pour m’adapter à mon audience et générer le bon engagement.
Ma journée type, c’est beaucoup de meetings pour aligner, suivre, poser des questions. C’est beaucoup d’informel.
Il est aussi important de se garder du temps de « focus » efficace. Également, se garder du temps pour écrire. C’est important d’avoir une méthode presque scientifique dans notre approche des problèmes. Établir des hypothèses, identifier les plus fortes, déterminer si on est capables de les tester, établir des critères de validation, etc.
En bref, ma journée type: discuter, écrire, penser!
Peux-tu nous partager ta recette du succès?
Bouger vite. Éviter les gros scopes. C’est un peu cliché, mais je dirais faire beaucoup de MVP. Par exemple, si on doit améliorer un modèle de machine learning, on va regarder un élément spécifique, et on va s’assurer en vase clos que ça fonctionne avant d’impliquer trop de monde. Je crois que dans l’industrie, on a tendance à adresser des gros projets trop vite.
Si t’es pas capable de livrer de la valeur, ou de montrer des progrès concrets en 6 semaines, ton scope est sûrement trop gros.
De cette façon, c’est aussi plus facile de créer du momentum. Faire de petits projets pour créer des petits succès. Plusieurs petits succès, ça crée du momentum derrière ton initiative. Que ce soit la motivation de l’équipe, celle des stakeholders. Tout est plus facile quand les gens voient que ça avance.
Quel conseil donnerais-tu à un nouveau/aspirant PM?
Trouver un boss, ou un PM sénior, et le regarder aller. C’est sûr qu’il faut se documenter, mais trouver une personne qui va pouvoir t’inspirer et te donner du feedback, c’est super important. Autre conseil, chercher, être autonome. Ne pas hésiter à pousser des portes, discuter avec des gens, présenter son analyse, demander du feedback.
Pour finir, pourrais-tu me donner quelques sources de contenu, communautés que tu trouves pertinentes.
J’ai une longue liste de blogs, de podcasts. Mind the Product, Product Tank, Lenny’s Newsletter, Bring the donuts, Department of Product, Product Coalition, Elezea, etc.
Mais je suis sorti un peu des « product only » newsletters. J’ai bifurqué vers des choses qui m’aident différemment. Exemple, des compagnies plus ou moins compétitrices dans le customer center, qui ont un podcast. C’est intéressant lorsqu’ils invitent leurs clients à parler. D’écouter ton utilisateur cible parler dans un contexte que tu n’as pas organisé toi-même. Tu peux voir s’ils disent les mêmes choses que ce que toi tu as entendu, etc.
Je recommande également de consommer du contenu plus orienté business. La plupart de nos clients sont des entreprises publiques, donc être au courant de leur contexte, ce qui pourrait les impacter etc. à beaucoup de valeur. C’est bien de garder l’esprit ouvert à plein de choses, il y a toujours des éléments à ramener et qui permettent de s’améliorer en continu.
Un dernier mot?
Le product manager doit encourager le côté multidisciplinaire de son travail. S’entourer des bonnes personnes, que ce soit tech, expérience, marketing. Etre le catalyseur du problème, pour qu’ils puissent le résoudre de manière optimale.
Je crois que ce que vous faites aussi chez Homeric est un bon ajout à toute cette réflexion produit. Aider les équipes à avoir plus de visibilité et mieux travailler, en bout de ligne, ça va être payant!
Merci Oscar, et bon anniversaire! 🙏 🎂